L’Agriculture biologique : Alternative ou Nécessité, était au cœur du débat cette semaine sur les plateaux télé du groupe de presse LE RURAL. Reçu sur l’émission ‘’l’invité du week-end’’ de LE RURAL BENIN TV, Delphine Bodjrenou a pendant 52 minutes, apporté la lumière sur les points d’ombre liés à la question de l’agriculture Biologique.
Bonjour madame, présentez vous.
Bonjour chers journalistes. Moi c’est Delphine BODJRENOU, responsable des certifications biologiques et équitables, Coordonnatrice du genre à l’Organisation Béninoise pour la Promotion de l’Agriculture Biologique.
En termes claire qu’est-ce que c’est, l’agriculture biologique ?
Tout d’abord l’agriculture biologique n’est pas une idéologie, c’est tout simplement la non utilisation des produits chimiques dangereux pour la nature humaine et l’environnement. C’est aussi la non utilisation des OGM.
Est-elle adaptée à toutes les cultures ?
Oui, elle est adaptée à toutes les cultures, à toutes les dimensions humaines : l’élevage, les cultures agricoles et autres.
Au vue de la production actuelle, quelle est la situation du marché par rapport à l’écoulement des produits bio ?
A ce niveau, il faut faire la part des choses. Il y a les produits certifiés bio qui sont pour un marché extérieur et il y a les produits certifiés internes qui sont pour les consommateurs locaux qui veulent avoir la certitude que les produits sont effectivement bios. Au niveau du Bénin, nous avons une certification locale que nous appelons système participative de garanti qui regroupe aussi bien les producteurs que les consommateurs dans la chaîne pour prouver effectivement que ce que nous consommons et produisons sont bio. Maintenant, si vous ne visez pas un marché spécifique vous pouvez ne pas engager les charges de la certification, là vous avez les produits écologiques puisque vous ne les avez pas certifiés pour qu’on les appelle bio. Si vous voulez que le consommateur soit rassuré et faciliter la vente vous certifié. Maintenant, si vous visez le marché international vous faites ce que nous appelons la certification par tierce.
Quels sont alors les avantages de la pratique de l’agriculture biologique ? Est-ce du point de vue santé, environnement… ?
Les avantages sont sur tous les plans. Du point de vue santé humaine et animale, nous savons ce que nous consommons. Sur le plan environnemental, c’est la biodiversité, lorsque vous tuez des microorganismes, vous coupez les maillons de la chaîne, du coup le système environnemental est affecté.
N’a-t-il donc pas d’inconvénients ?
Bon, il n’y a pas de risques zéro ; mais je ne dirai pas des inconvénients mais des difficultés. Ces difficultés sont liées aux charges supplémentaires de travail que cela demande.
Alors vu qu’il y a le nombre de bouche qui augmente chaque mois, est ce qu’adopter l’agriculture biologique ne représente pas un risque à la sécurité alimentaire ?
On peut produire bio et garanti la sécurité alimentaire. Cette question c’est tout un débat qu’on a toujours mené. J’interpellerai directement les industriels, les acteurs des intrants des pesticides qui peuvent aussi mettre sur le marché des produits respectueux de la santé humaine et environnementale. Les industriels diront que ce n’est pas possible mais moi je dirai que c’est bien possible.
Dites-nous comment l’agriculture biologique est organisée au Bénin
Bon l’agriculture biologique fait son chemin au Bénin depuis 1994. Très tôt les gens ont cru qu’on voulait diaboliser le secteur agriculture conventionnelle. Notre intention c’est de faire durer l’agriculture au Bénin et préserver l’environnement des pesticides. Au départ, nous n’étions pas nombreux, mais actuellement nous avons une plateforme et une fédération. L’adhésion à la plateforme est libre lorsque vous vous sentez acteurs bio. Il y a déjà des minimums ensemble d’envergure nationale et des acteurs qui défendent cette activité.
L’agriculture biologique est-elle une agriculture genre sensible ?
Lorsque vous allez dans les milieux ruraux, la division des tâches n’est pas nette. La visibilité des femmes était un problème, ce n’est pas que je défends la femme, NON. Les tâches que les femmes font sont énormes, mais elles sont classées au second plan. Pourquoi ? C’est pourquoi l’agriculture biologique essaie de valoriser l’effort de la femme en la mettant à sa juste place pour qu’on sache qu’elle joue un rôle très important.
Au niveau de l’OBEPAB, quelles sont les actions qui sont menés pour la promotion de l’agriculture biologique ?
A l’OBEPAB, nous valorisons d’abord les connaissances endogènes. Il y a aussi la promotion des innovations technologiques agricoles. Ne nous leurrons pas, ce n’est pas parce qu’on est dans l’agriculture biologique qu’on n’est archaïque. L’Agriculture biologique n’est pas traditionnelle, donc les innovations agricoles sont faites pour améliorer la productivité globale. Toutes les dimensions qui concernent le bio, nous essayons de les toucher pour que l’acteur qui est au cœur de l’activité bio se retrouve intégralement.
Au vu de ces actions, quels sont les résultats qu’on peut noter ?
Vous savez, il y a déjà la volonté politique. Il faut reconnaître que le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche fait son travail et a même organisé des activités rien que sur l’agriculture biologique. En 1995, ce n’était pas possible, mais aujourd’hui les acteurs en parlent. Le Bénin aujourd’hui sur le plan international peut se compter parmi les nations de l’agriculture biologique. Nous avons une certaine quantité de coton bio qui est déposé chaque année sur le marché international, ce qui veut dire que le Bénin a son mot à dire désormais lorsqu’on va aborder l’écoulement des produits bio sur le marché. Il faut aussi retenir qu’aujourd’hui nous sommes à près de 6milles producteurs bio et les femmes aussi sont vraiment impliquées alors qu’au départ nous étions à 17 producteurs.
Un mot de fin madame Delphine BODJRENOU
Je vous remercie et je vous souhaite plein succès et la longévité pour le premier groupe de presse agricole LE RURAL et qu’ensemble nous puissions aller loin dans les milieux ruraux pour l’amélioration de la production agricole.
Propos recueillis par Prudence KPODEKON et transcrits par Déborah ALIMA